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Image  Jean-Christophe Tortora, Rémy Rousset, Christian Buchel, Emmanuel Olivier et Matthieu Clavier

« Data Day » : les nouveaux services de données énergétiques, des instruments en faveur de la transition énergétique

Environnement & qualité - Environnement
Tech&droit - Données
12/02/2019
Le 6 février 2019 a eu lieu le « Data Day », après-midi d’échanges consacré aux nouveaux services de données énergétiques. La table ronde de clôture de l’événement a été l’occasion de faire le point sur le soutien que peuvent apporter ces services à la transition énergétique.
Les intervenants partent du constat suivant : pour les citoyens, entreprises, collectivités ou gestionnaires de bâtiments, comprendre leur consommation d’électricité peut leur permettre de l’optimiser. Mais pour atteindre ce but, les intéressés doivent avoir accès à leurs données, qui ne sont réellement utiles que si elles sont analysées, traitées et intégrées dans un véritable service. L’objet de cette table ronde était donc d’appréhender les différents enjeux liés à ces nouveautés.
 
Pourquoi ces services ?

Matthieu Clavier, chargé de mission Nantes Citylab à Nantes Métropole présente trois éléments permettant de comprendre pourquoi de tels services sont développés.
 
D’abord, d’un point de vue territorial, il y a une « ambition d’être un territoire 100 % ressources, c’est-à-dire de produire nos propres ressources énergétiques ». Dans cette optique, il y a un réel besoin « de savoir comment on consomme, qui consomme, comment on produit, qui produit, quand et où ». Même si le système n’est pas encore parfaitement établi dans la métropole, « l’analyse des données permet d’établir ce diagnostic ».
 
D’un point de vue citoyen, il souligne que ces derniers « ont vraiment manifesté le souhait de pouvoir agir, de pouvoir s’emparer de ces enjeux de transition énergétique » et d’en être de réels acteurs.
 
Enfin, du point de vue de la collectivité, le but est d’atteindre « l’exemplarité ». Ces services peuvent aider la personne publique à savoir lorsque des dysfonctionnements surviennent (par exemple sur l’éclairage public) et à les corriger avant même un signalement de la part d’un citoyen. Sur le plus long terme, cela peut également lui servir pour reconnaître les situations où une modification de la puissance souscrite peut être nécessaire afin d’être au plus près des besoins liés à la consommation réelle.
 
Quels avantages ?

Pour les intervenants, les personnes, entreprises ou collectivités utilisant des services de données énergétiques en tirent des bénéfices certains. Cela leur permet en effet d’effectuer des économies d’énergie. Sur ce point, Rémy Rousset, fondateur et CEO de la start-up Wivaldy souhaite « donner au consommateur le moyen d’agir », en l’aidant à « comprendre sa facture d’électricité » et donc sa consommation. Cette start-up souhaite répondre à des « problématiques simples : comment simplifier la maîtrise de l’énergie et comment rendre accessible de manière sécurisée les données ».
 
Interrogé par Jean-Christophe Tortora, président de La Tribune, sur la question des compteurs intelligents de type « Linky », Rémy Rousset constate que « les polémiques autour de Linky se sont finalement apaisées, et certains consommateurs y voient désormais un gain de pouvoir d’achat ». Selon lui, les citoyens ont finalement aperçu les bienfaits de ce type de système, qui « permet aux gens d’agir au quotidien ». Et il mesure ce succès en chiffres : « sur 5 000 bilans effectués, 65 % des personnes ont effectué une action derrière (changer les options tarifaires, changer de fournisseur, réduire la consommation en veille, changer des équipements, etc.) ».
 
Ces économies d’énergie favorisent ainsi une utilisation réfléchie et raisonnable des ressources énergétiques, avec comme retombées positives à la fois la protection de l’environnement, mais également des économies financières pour le consommateur.
 
Quelles garanties pour la sécurité des données ?

La question sensible de la sécurité des données collectées par ces divers organismes a également été abordée lors de cette table ronde.
 
Pour Christian Buchel, directeur clients et territoires d’Enedis, les règles strictes de la protection des données mises en place par le règlement général sur la protection des données (RGPD, Règl. (UE) 2016/679, 27 avr. 2016, JOUE 4 mai, n° L 119/1) ne sont pas une mauvaise chose. Au contraire, il considère que « l’Europe a raison d’être très exigeante et un service public doit l’être également ». D’après lui, « le RGPD est une bonne chose car il met la barre haute », ce qui favorise l’obtention de « la confiance du citoyen », sans qui le système ne fonctionne pas. Il ajoute que les opérateurs qui proposent de tels services basés sur les données ont la mission « d’être des acteurs neutres qui mettent à disposition les données en assurant la confiance du consommateur ». Pour lui, « le consentement explicite du client génère de la confiance ». Il rappelle en outre que « la mise à disposition des données fait partie des missions de service public, comme la loi de transition énergétique l’a confirmé ».

Des propos appuyés par Emmanuel Olivier, président de la start-up Ubiant, pour qui la question de la sécurité des données est un enjeu majeur : « l’utilisateur doit avoir à tout moment le contrôle sur ses données ». « Les données sont le cœur du système ; il y a donc un réel besoin pour les opérateurs d’assurer leur sécurité », un besoin « fondamental », insiste-t-il. Il se veut également rassurant sur la question de la monétisation des données, en rappelant que « la collecte et l’analyse des données ne peut pas permettre de se les approprier et encore moins de les monétiser ».

Des propos propres à rassurer les utilisateurs et à les inciter à davantage confier leurs données aux opérateurs… 
Source : Actualités du droit